Traduction comme Jetztzeit chez Benjamin

Main Article Content

Denes Augusto Clemente

Abstract

Benjamin dans son essai Die Aufgabe des Übersetzers (1923) conçoit, entre autres images, la traduction comme vie. Ce seraient là les conditions minimales pour la survie (Übertleben) de l'original, sa continuation dans une vie historique et sublime (Fortleben), dans laquelle l'original change, évolue et grandit, atteignant la rédemption lorsqu'il touche l'atmosphère la plus haute et la plus pure de la langue. Lors de sa transformation, la traduction ne récupère pas entièrement le texte original, car elle se tourne toujours vers un texte passé qui est encore vivant dans le présent, en lui donnant une vie différée, mais qui n'est pas guidée par l'idée d'une succession homogène de l'original, comme une marche incessante et linéaire de progrès (Fortschritt). Au contraire, le concept de Jetztzeit chez Benjamin, temps saturé de « maintenant », permet aux textes littéraires une vie révolutionnaire agglomérant de manière synchrone le présent et le passé. Dans ce scénario, c’est au traducteur la tache de libérer le texte original de cette tension, énergie motrice du « saut du tigre » dans le passé, de la traduction à l'original lui – même. En résumé, ce travail cherche à comprendre l’idée de la traduction chez Benjamin comme Jetztzeit, une temporalité sous tension qui pousse l'original au futur à travers une vie sans cesse renouvelée, mais éphémère. La traduction est un maintenant et, en tant que telle, elle ne peut pas être reproduite, c'est un instant, c’est unique, généré par le traducteur dans lequel le présent rompt avec l'original supposé encapsulé dans le passé, le faisant survivre dans le maintenant dans a une expérience de réélaboration, une recomposition qui regarde le futur, la certitude de la périssabilité de la traduction elle – même.

Published: Nov 14, 2022

Article Details

Section
Thinking the present from the past