Les écrivains « archéologues » de la mémoire en quête de l’identité (Patrick Modiano, Jean-Luc Coatalem)

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Mzago Dokhtourichvili

Abstract

L’histoire littéraire connaît d’innombrables exemples où les écrivains explorent leur mémoire, l’histoire de leur ascendance, pour n’en citer que Marcel Proust, James Joyce ou plus près de nous, Georges Perec, Le Clézio, Romain Gary…, le mode d’écriture que l’on qualifie d’archéologie de la mémoire.


Le commun entre l’archéologie et la littérature, c’est qu’elles effectuent une fouille de la mémoire historique. La différence consiste dans le fait que le propre de la littéra­ture est de mêler la réalité et la fiction. Ainsi, les romans (récits) de deux écrivains de notre choix – Dora Bruder de Patrick Modiano et La part du fils de Jean-Luc Coatalem - font preuve de ce mélange de la réalité et de la fiction, puisque, comme l’affirme Modiano, "L'imaginaire peut dire quelque chose du réel […] on peut arriver, par l'écriture, à une sorte d'intuition de ce que pouvait être le réel ».


Ce que l’on peut observer comme le trait commun de l’écriture de ces deux écrivains, c’est qu’ils s’intéressent à des personnages qui disparaissent, à leur destinée, ce qui détermine le choix de thèmes qui sillonnent leurs textes et qui peuvent se résumer en un seul mot : le manque, et qui déterminent l’originalité de leur style, les deux se montrant comme de véritables archéologues de la mémoire, relevant et conservant le moindre document, qui relate l’époque de l’Occupation, insignifiant au premier abord, afin de réunir des informations à propos des personnages disparus. De ce fait, les deux textes portent sur les problèmes éternels de l’identité, sur les rapports et les valeurs familiaux, sur les « dégueulasseries » de la guerre qui déchirent les vies humaines.


Aussi, pour notre communication, avons-nous décidé d’analyser ces deux textes du point de vue d’une quête identitaire pour montrer qu’à travers la quête de l’identité de leurs personnages, les écrivains sont à la recherche de leur propre identité. Ils rejoignent ainsi les écrivains « archéologues » de la mémoire, partageant la réflexion de José Saramago « Nous ne sommes que la mémoire que nous avons“ que Jean-Luc Coatalem met en exergue à son roman.

Published: Nov 14, 2022

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Individual Sessions: Words and Images Crossing Literary and Critical Borders