L’espace de la cuisine dans l’imagerie publicitaire et dans l’imaginaire romanesque d’écrivains et d’écrivaines contemporaines

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Michèle Kahan

Abstract

L’histoire de la cuisine dans le sens d’art gastronomique n’est plus à faire, et un nombre important d’études littéraires mettent en rapport l’univers des sensations gustatives et olfactives, les plaisirs de la bouche ou à l’opposé le dégoût et la nausée avec le pouvoir des mots, la « cuisine » de l’écrivain.[1]


Ma recherche porte plus sur un sujet moins étudié et sans doute moins présent dans les œuvres de fiction contemporaines : non plus la cuisine que l’on prépare mais la cuisine où l’on prépare, l’espace de la cuisine, sa forme, sa grandeur, son empla­ce­ment, ses fonctions dans l’univers romanesque d’un nombre d’écrivains et d’écri­vaines. L’espace de la cuisine constitue un objet d’étude pour des sociologues comme Luna Béguin qui relie l’espace de la cuisine dans un contexte domestique et familial et une théorie des genres[2], ou des femmes architectes comme Tula Amir qui a étudié l’impact de la construction de villes dortoirs israéliennes sur les modes de fonctionnement d’une jeune famille normative (moyenne d’âge des parents : 35 ans, deux à trois enfants, propriétaires de l’appartement, revenus mensuels réunis : autour de 3000 euros). Parmi les nombreux sujets traités, la cuisine ouverte sur le salon est décrite par Amir comme un « piège » qui se referme sur les femmes.[3]


Dans le contexte socio-politique contemporain en France, que nous dit la littérature de fiction sur l’espace de la cuisine ? dans quelle mesure les représentations de cet espace reflètent les rêves et les fantasmes nourris par les magazines d’architecture intérieure, d’une part, et, révèlent les frustrations et les tensions au sein d’une famille d’aujourd’hui ?


Dans le cadre du congrès de l’ICLA, je propose une mise en rapport entre une série de photos de cuisine tirées de magazines d’architecture intérieure comme Art et Décoration, Le Journal de la Maison, et Marie Claire Décoration, entre 2000 et 2021, et des représentations de cuisines dans Trois femmes puissantes de Marie Ndiaye (2009), Le Bonheur de faire l’amour dans la cuisine et vice-versa d’Irène Frain (2004), et Intérieur de Thomas Clerc (2013). Mon objectif est de penser les rapports entre la photo et l’écriture, et d’amorcer une première esquisse des représentations de l’espace de la cuisine dans la fiction en suggérant que cet espace est habité par des tensions et des conflits latents à la fois intérieurs et relationnels. 


 


 


Published: Nov 14, 2022

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Individual Sessions: Words and Images Crossing Literary and Critical Borders