Mère Patrie, mère sainte, mère courage : représentations de la maternité à l’épreuve de la violence armée

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Noemi Linardi

Abstract

Alors que les colloques et les ouvrages traitant du combat féminin se multiplient dans les sciences sociales, il semble important d’étudier ce sujet également à travers un prisme littéraire. Dans la plupart des représentations littéraires des femmes en contexte de violence armée, la maternité s’avère jouer un rôle essentiel. La maternité se charge alors de nombreuses significations, de la mère au sens propre du terme à la mère nourricière et à la Mère Patrie. Or, ce surinvestissement du motif maternel rend ambivalent le statut des femmes en contexte de guerre. En effet, parce que les femmes, définies avant tout comme des mères, sont représentées comme ne participant pas aux combats armés – en dépit parfois de leur volonté –, il semble de prime abord que leur statut de combattantes soit invisibilisé, voire nié. Cependant, la maternité en contexte de violence armée peut également prendre une autre dimension. En effet, dans sa composante sacrée et mariale, elle pourrait au contraire ne pas se réduire à une représentation normative de la féminité mais plutôt être une forme de stratégie pour prendre part au combat. En faisant dialoguer différents modèles de maternité combattants, tels qu’on les trouve chez Bertolt Brecht (Mère Courage et ses enfants, 1941), Renata Viganò (Agnès va mourir, 1949), ou encore Ghassan Kanafani (Oum-Saad la matrice, 1969), on se demandera si la représentation de la maternité permet aux femmes de s’approprier la violence guerrière, tradition­nellement considérée comme masculine. Il sera donc question de comprendre si ce surinvestissement du motif maternel défait, ou non, les femmes d’une représentation normative de la féminité.

Published: Nov 14, 2022

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Section
Gender and Sexuality in Contemporary Literature and Culture