Pour une (histoire de la) littérature mondiale en images

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L’hypothèse à l’origine de cette communication est que l’étude des caractéristiques visuelles du livre permet de problématiser les frontières linguistiques affectant la circulation des œuvres littéraires mais aussi de déplacer les enjeux de la littérature mondiale en préférant au logocentrisme dominant dans ce champ une prise en considération des supports matériels de l’expression littéraire et de son pendant plastique.


On peut en effet s’étonner que l’appréhension de la littérature mondiale demeure exclusivement verbale quand certains de ces plus grands contributeurs, tel le collec­tion­neur suisse Martin Bodmer, ont fondé leur réflexion sur la genèse des œuvres, autrement dit la matérialité de leurs supports manuscrits et imprimés. Chez Goethe lui-même, dans la mesure du moins où ses discussions avec Eckermann témoignent de sa réflexion, il est fait mention de dessins de maître parmi les objets donnant lieu aux premiers développements de cette notion (le 10 janvier 1825).


À partir du «Futur du livre», théorisée en 1926 par Lazar Lissitzky comme porteur d’un «nouveau langage plastique» («new plastic language»)[1], à la manière de celui qu’il a inventé un pour L’Histoire de deux carrés. Conte suprématiste en six figures en 1922, il s’agira d’essayer de concevoir une forme de littérature mondiale en images.


Il n’est pas anodin que Lissitzky comme Bodmer s’intéressent en premier lieu aux livres hiéroglyphiques plutôt qu’alphabétiques. Ils réfléchissent ainsi aux apports de Gutenberg pour envisager une littérature universelle, qu’elle soit en voie de développement chez Lissitzky ou déjà mise à l’arrêt chez Bodmer. En témoignent leurs textes, non seulement «Le futur du livre» d’El Lissitzky mais aussi les nombreux écrits que Bodmer a consacrés à la littérature mondiale[2]. Si ce dernier n’a pas toujours rendu justice au caractère graphique des œuvres qu’il étudiait, il a envisagé d’élargir sa collection et ce faisant sa conception de la littérature mondiale aux dessins et pièces de monnaie en 1938, puis aux fossiles dans les années 1960, remontant alors bien en amont de l’écriture[3].


Outre la restitution de ces entreprises conceptuelles, émanant de penseurs de la littérature mondiale ou d’artistes du livre, il faudra ici s’interroger sur la méthode à adopter pour établir une littérature mondiale par l’image.


 


გამოქვეყნებული: Nov 14, 2022

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Individual Sessions: Words and Images Crossing Literary and Critical Borders